Les Archives de la Ville de Bruxelles : un lieu attrayant ?
Le bâtiment qui abrite les Archives de la Ville de Bruxelles depuis 1979 est un exemple typique d’architecture commerciale du début du 20e siècle. Il offre d’indéniables atouts aux caméras de cinéma. La beauté du lieu dans son ensemble, les volumes, le puits de lumière et les boiseries en font un lieu de choix pour incarner un décor des années 1930, même si le lieu a connu des détournements parfois les plus improbables.
De plus, de nombreuses sociétés de productions étrangères, le plus souvent françaises, choisissent la Belgique pour y tourner des films ou des séries en raison des conditions financières favorables. Les Archives s’inscrivent dans cette optique.
L’arrivée d’un staff de tournage est toujours un événement. Si certains tournages ont été discrets, d’autres ont vu déferler une armada de professionnels des métiers du cinéma, sans compter les créations de décors, le déroulement de centaines de mètres de câbles électriques et d’éclairage, l’aménagement de loges pour les acteurs, les lieux de maquillage, l’indispensable cantine de campagne réconfortant acteurs et équipe de tournage pendant les longs moments d’attente…, les camions de régie technique investissant la cour centrale du complexe des Archives et parfois toute la rue des Tanneurs. … et les inévitables « silence on tourne » qui figeaient le personnel et les lecteurs pendant quelques dizaines de secondes répétées inlassablement au cours de la journée.
La méthodologie
Une liste non exhaustive des filmages a été dressée à partir du dépouillement de la correspondance entre les sociétés de production et les Archives. Les indicateurs de courriers ont également été une source précieuse. A partir des années 1990, des dossiers de demande de tournage ont été constitués et ont permis d’établir une liste beaucoup plus précise.
La typologie des tournages
La singularité du bâtiment permet d’accueillir différents genres cinématographiques. Dans les productions de fictions, le bâtiment et les collections ne constituent pas le thème central du tournage. Ils apparaissent de manière sporadique et même parfois furtive.
Citons en exemple une scène de la saga Les Steenfort, maitres de l’orge où des rayonnages du premier étage du bâtiment central représentaient un bureau de la gestapo pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce même espace constituait le bureau du promoteur de la thèse de doctorat de l’héroïne dans le film Un heureux événement. A d’autres occasions, les Archives ont servi simplement de décor, un lieu d’accueil, comme ce fut le cas dans les émissions Face cachée et Face aux juges diffusées sur la chaine de télévision RTL. Parfois, les producteurs ne s’intéressent pas au lieu en tant que dépôt d’archives, mais en tant qu’espace de tournage. Ils en détournent alors complétement l’essence. Ce fut le cas dans un épisode de la saison 2 de la série Zone Blanche où le bureau de l’Archiviste en chef a été transformé en cabinet de curiosité tout à fait méconnaissable.
Les liens mentionnés reportent à la bande annonce ou à un article sur le film. Ils ne montrent pas nécessairement les scènes filmées aux Archives de la Ville de Bruxelles.
L’avenir des tournages aux Archives
Le détournement à outrance du lieu au point de ne plus le reconnaître ou le tournage de scènes qui desservent l’institution en la sortant de sa vocation pourraient avoir une influence sur l’acceptation de certaines demandes.
Les Archives sont un lieu vivant dans lequel évoluent 25 personnes et qui accueillent quotidiennement du public. Les dispositions contractuelles auxquelles souscrivent les producteurs ne sont pas toujours respectées et peuvent perturber la vie quotidienne du service, tant au point de vue des missions, que de la qualité de l’accueil du public ou que des horaires.
Nul doute cependant que ce lieu magnifique et prisé inspirera nombre d’artistes et est encore promis à de belles expériences. Un tournage bref ou plus conséquent est toujours un moment particulier dans la vie du service des Archives même si celui-ci réclame adaptation et indulgence du personnel et des lecteurs, mais aussi des équipes de tournage.
